Personnages célèbres de Nay
Marguerite de Moncade
Les bastides sont des villes nouvelles, modernes créées par les grands seigneurs et évêques du Moyen-Age. La première du territoire de Nay est celle d’Assat à la fin du 12ème siècle, puis suivrons celles de Nay, Bruges, Montaut, Lestelle et à quelques kilomètres de chez nous Rébénacq et Gan. Quatorze bastides voient ainsi le jour dans notre département. En parallèle d’autres types de communautés villageoises apparaissent.
Ces bastides ont en commun un urbanisme particulier dessiné à partir d’une place centrale de forme quadrangulaire et de rues en réseau perpendiculaires. Les lots ainsi définis sont distribués par un notaire et un arpenteur aux futurs habitants.
En général fondées sur des terrains en pleine campagne, quelques-unes de ces villes nouvelles prennent place sur un ancien village que l’on souhaite dynamiser au niveau de l’apport de nouvelles populations et au niveau économique. Une histoire ancienne mais qui reste encore d’actualité aujourd’hui ! Ainsi Nay, petit village dont les premières traces connues datent du 12e siècle, est transformé en bastide par l’un des grands seigneurs de l’époque Marguerite, Vicomtesse de Béarn.
En 1302 Marguerite de Montcade ou Moncade, Vicomtesse de Béarn, fixe ainsi les limites de la ville, dessine le plan de la cité et écrit les droits et devoirs des futurs habitants, les poblans, du seigneur de Béarn qu’elle représente et des moines de Sainte Christine de Gabas à qui appartenait le terrain ; le tout rédigé dans une charte. Elle fonde Arzacq (probablement), Garlin et Bellocq pour consolider les positions dans la zone frontière avec l’Angleterre, Montaut placée face à la Bigorre et la célèbre ville de Navarrenx. Elle lance la création de marchés qui vont dynamiser le commerce au Moyen-Age en Béarn dont celui de Nay.
Mais qui est Marguerite ?
Fille de Gaston VII de Béarn, elle devient vicomtesse de Béarn, à la mort de son père, en 1290. En 1257, elle épouse le comte Roger-Bernard III de Foix. De leur mariage naîtra Gaston VIII de Béarn. Marguerite de Moncade meurt en 1318. Elle fait partie des seigneurs du Moyen-Age qui sont… bien souvent des femmes ! Les hommes guerroient, partent en pèlerinage et sont rarement sur place pour administrer leurs territoires.
Son petit-fils est le très célèbre Gaston Fébus, grand prince de l’Europe médiévale
Jeanne d’Albret
Reine de Navarre de 1555 à 1572 épouse d’Antoine de Bourbon et mère du futur Henri IV abjura la religion catholique sous l’influence du calviniste de Genève Théodore de Béze.
Elle adhéra à la Réforme en prenant part à la Cène le 25 décembre 1560 à Pau. Le 19 juillet 1561 elle signa un édit interdisant de prêter serment sur la croix et le missel et ordonna de le faire sur la Bible en employant la formule “Au Diu bibent!” (au Dieu Vivant) devenu depuis “diubiban !” un juron passé dans le langage courant en Béarn.
Elle imposa la Réforme à ses sujets et mourut à Paris atteinte de tuberculose âgée de 44 ans.
Le culte catholique fut rétabli en Béarn par Henri IV en 1599.
Les frères de Baas
Charles de Baas
Mousquetaire sous Louis XIV, il devient en 1660 gouverneur de Mortara en Italie, puis lieutenant général des armées en 1665.Sa carrière de gouverneur va l’amener en 1667 comme gouverneur général des Isles et Terre Ferme d’Amérique , puis en 1669 pour la Martinique où il jouera un rôle prépondérant dans la défense des îles pendant les Guerres de Hollande de 1672 à 1678. Il y fonde également en 1669 la ville de Fort de France. Il meurt à Saint Pierre en 1677.
Isaac de Baas
Savez-vous que les aventures des Quatre Mousquetaires d’Alexandre Dumas font en fait référence à Isaac de Baas ? En effet, le célèbre écrivain prend pour héros D’Artagnan, originaire du Gers, à qui il donne bon nombre de faits et gestes de Charles de Baas. Mazarin confie à Isaac des missions de transactions secrêtes en Espagne, puis l’envoie en 1553 à Londres où il est chargé d’inciter Olivier Cromwell à faire alliance avec la France. Il devient conseiller d’Etat en 1654 et sous-lieutenant de la Compagnie des Mousquetaires en 1657, charge qu’il quitte plus tard et dans laquelle il fut remplacé par le célèbre Charles de Batz de Castelmore, dit d’Artagnan.
Jacques Abbadie
Ce pasteur protestant fut le béarnais le plus célèbre d’Europe au temps de Louis XIV (bulletin de la Batbielle 1986).
Né à Nay en 1656, il y suit l’enseignement de l’école protestante avant de pousser ses études à l’Académie Protestante de Montauban. Il passera son doctorat de théologie à Sedan. Il intègre par la suite l’Eglise Française de Berlin où il devient pasteur.
C’est là que son œuvre théologique commence avec la parution notamment en 1684 d’un Panégyrique de Mgr l’Electeur de Brandebourg, puis le Traité de vérité de la Religion Chrétienne édité plusieurs fois et dont Mme de Sévigné parlera comme d’un « livre divin ».
Il joua par la suite un rôle important, après la Révocation de l’Edit de Nantes, en Hollande où il est dépêché pour venir en aide aux milliers de réfugiés huguenots. Il part en 1689 en Irlande puis à Londres lors des combats qui font rage jusqu’en 1697. Il meurt à Londres en 1727 et est reconnu comme l’un des plus grand théologien et son œuvre a été considérable pendant tout le XVIIIe siècle.
Jean-Joseph d’Augerot
1739-1811 – Premier maire de Nay
Jean-Joseph d’Augerot, premier maire de Nay élu en 1790 par 28 voix sur 53 votants au suffrage censitaire (seuls les contribuables avaient droit à ce suffrage) demeura à son poste jusqu’à sa mort en 1811.
Manufacturier en laine et maître de forges il appartenait à la société bourgeoise nayaise et sa charge lui échut à une époque troublée. Comme pendant toute période révolutionnaire, les désordres étaient fréquents à Nay comme ailleurs et les volontaires de la Garde Nationale avaient grand peine à calmer les esprits et réprimer les excés de quelques uns. Le 17 juillet 1795 d’Augerot demanda le rétablissement de la gendarmerie, ce qui lui fut accordé. Jusqu’alors on avait déploré des dégradations et la disparition d’objets du culte à la “ci-devant” église, l’agitation de la “Société Populaire contre le terrorisme et le brigandage” plus soucieuse de s’épurer de ses membres jugés modérés, les altercations nocturnes entre agitateurs et ivrognes, Il eut également fort à faire avec les crues du gave qui endommageaient régulièrement le pont de bois, toutes affaires qu’il régla à la satisfaction de ses administrés, lesquels le réélurent continûment.
Pourtant en juin 1793 son mandat avait connu une interruption suite à son emprisonnement à Pau. Les autorités révolutionnaires le tenaient pour “suspect”, qualificatif lourd de menace à l’époque. Ennui de courte durée car une pétition de ses ouvriers de la Manufacture Royale et probablement le versement d’une caution personnelle de 12 000 livres le tirèrent de ce mauvais pas.
En 1802 le préfet Castellane avait rendu un hommage officiel à celui qui fut le premier maire de Nay. L’un de ses deux fils lui succéda avant de se démettre en 1827, laissant la place à Jean-Janvier Lussagnet qui fit construire l’Hôtel de Ville où le portrait de Jean-Joseph d’Augerot figure en bonne place.
Pierre Laragnouet
En 1835, poussés par la misère, Pierre et Jean Domengine, fils d’un cabaretier de Nay, s’embarquent à Bordeaux à destination du Brésil rejoindre un oncle officier de l’armée de Napoléon. Ils ouvrent d’abord une bijouterie à Rio, puis à Sao Paulo en 1838.
Pierre devenu Pedro investi en 1846 dans un bateau et des esclaves et débarque à Juquia, bout du monde à l’époque. Il y acquiert un domaine de terres incultes, des esclaves, installe une plantation (riz, bananes, cannes à sucre), un barrage et une maison de maître magnifique et s’enrichit avec le commerce des esclaves. En 1871 il fonde une église et le village de Prainha voit le jour ; elle devient en 1944 Miracatu avec 8000 habitants en 1987, une des plus grosses villes du Brésil.
Désiré Berchon
Né dans le département de la Somme, le 6 avril 1841, Désiré Berchon arrive à Nay en 1864. Initié dès son plus jeune âge au tricotage mécanique et ingénieur des Arts et Métiers, il s’installe d’abord à Montréjeau en Haute-Garonne où il travaille pour plusieurs fabricants, puis créé plusieurs ateliers.
Un hasard du destin le conduit à Nay où travaille d’abord pour l’entreprise de béret de Guillaume Labernadie, dont il épousera la fille Marie-Clémentine.
En 1868, il fonde sa propre société, puis son usine au sein de la ville. Dynamique et persévérant, il invente même un métier à tricoter le béret : le métier Berchon. En trente ans, Désiré Berchon, aidé de son fils, va faire évoluer l’entreprise en passant d’une trentaine d’ouvriers à plus de trois cent.
Homme impliqué dans la vie de sa commune, il sera également conseiller municipal de 1881 à 1888 puis pour un second mandat de 1900 à 1904
Paul Rey
Paul Rey fut maire de Nay de 1875 à 1919. Pontacquais d’origine et appartenant à une famille de notaires, il devint Nayais par son mariage avec Adrienne Blancq, sœur de l’industriel Prosper Blancq promoteur du béret béarnais. Il avait été élu conseiller municipal en 1870 à la chute du Second Empire.
C’était un Républicain convaincu, un homme de progrès à l’image de Léon Gambetta. L’instruction publique et l’émancipation qu’elle apporte aux couches modestes de la population furent au cœur de son action. Au début de son mandat, les écoles de Nay regroupant 250 enfants étaient réparties entre la mairie, l’ancienne école des Sœurs (actuel foyer restaurant) et divers autres locaux.
En 1884, l’école primaire de garçons fut installée au 15 rue des Pyrénées. En 1889 l’école maternelle fut aménagée dans l’ancien asile public rue du Dr Talamon. En 1898 c’est au tour de l’école primaire de filles de s’installer au 9 rue des Pyrénées.
Enfin en 1909 l’école supérieure de jeunes filles ouvrit ses portes aux étudiantes des deux cantons de Nay et au delà comme c’était le cas à l’école supérieure de garçons.
En 1890 Nay fut équipée de l’éclairage public électrique alors qu’à l’époque certains quartiers de Pau et nombre de communes rurales ne bénéficiaient pas encore de cet équipement. Telles sont les principales réalisations conduites par Paul Rey au long de ses 9 mandats.
Charles Talamon
Charles Talamon est né le 22 juillet 1850 à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis) de parents négociants. En 1859 la famille rentra à Nay, et le jeune Charles dés qu’il en eut l’âge, suivit des études secondaires au lycée de Pau où il obtint un prix général des lycées.
Il entra ensuite au lycée Charlemagne à Paris où il comptait se destiner au professorat d’histoire. Il fut reçu à l’Ecole Normale Supérieure mais n’y fut pas admis pour raisons de santé. Il renonça à l’histoire et choisit alors d’étudier la médecine. Après la Faculté de Médecine de Montpellier en 1870 il s’inscrivit à celle de Paris d’où il sortit lauréat avec son diplôme en 1881.
Tout en travaillant en internat, il se lança dans la recherche, l’expérimentation, et on lui doit des découvertes sur la pneumonie, la rubéole, la rougeole, l’albumine et l’appendicite. Il fut l’un dès premiers à utiliser les Rayons X. Parallèlement à sa profession il écrivit des ouvrages médicaux, des communications et des chroniques médicales sur la presse. La Légion d’Honneur lui fut décernée en 1892. Sa carrière hospitalière prit fin en 1919, et dés lors, tout en conservant son cabinet, il put retrouver l’histoire à la Bibliothèque Nationale. Le 9 février 1929, Charles Talamon mourut d’un syndrome abdominal suraigu.
Il avait demandé à être enterré discrètement à Nay auprès de ses parents. En 1931, on donna son nom à une salle de l’hôpital Bichat. Ses contemporains rendirent ainsi hommage au médecin et homme de science de renommée internationale, travailleur infatigable, resté célibataire, entièrement consacré à une profession qu’il a illustrée. La rue Talamon à Nay perpétue sa mémoire.
Jean-Pierre Poncy
Albert Vaguet
Albert Vaguet naît le 15 juin 1865 à Elbeuf (Seine-Maritime). Très tôt il se fait remarquer par la beauté de sa voix qui est appréciée dans les fêtes de quartier et les offices religieux.
C’est naturellement qu’il part à Paris où en 1886 il entre au Conservatoire. Il effectue ensuite son service militaire à l’issue duquel, le 21 juillet 1890, il est engagé à l’Opéra après avoir été reçu au concours du Conservatoire.
Le 28 octobre suivant, il tient le premier rôle dans le Faust de Gounod qu’il jouera plus de 300 fois. Le public est conquis par ce ténor qui en 1894 chante dans l’Otello de Verdi avec le ténor Brugeois Albert Saleza. Le 8 mars 1872 il épouse une camarade de scène la soprano Albertine-Marie Chrétien, Alba, qui lui donnera deux filles.
Une particularité, il figure sur les affiches et les programmes sous son seul patronyme, Vaguet, chose à laquelle il tient.
Le 2 février 1903, après 13 ans de carrière, c’est sa dernière à l’Opéra dans Lohengrin de Wagner. Parallèlement à sa carrière sur scène, Vaguet est enregistré plus de 300 fois par la firme Pathé, excellent interprète de mélodies et romances. En 1906 le couple quitte Paris pour s’installer à Nay dans une villa située chemin Alias, endroit qu’Albert Saleza lui a fait découvrir en même temps qu’un coin de Béarn qui séduit le couple.
« Chez Vaguet » devient bien vite un lieu familier aux Nayais, cela d’autant plus que l’artiste lyrique est intégré à la vie locale. Son interprétation du morceau religieux de Gounod « Le ciel a visité la terre » qu’il chante à l’église lors de la communion solennelle d’une de ses filles bouleverse l’assistance, encore plus lorsque face au Monument aux Morts, qu’on inaugure le 13 novembre 1921, il chante une Marseillaise que ceux qui l’entendirent conservèrent à jamais dans leur mémoire.
Retiré à Pau, Vaguet y décède le 22 février 1943. Alba le suivra vingt ans plus tard presque jour pour jour le 28 février 1863 après y avoir enseigné le chant et donné quelques représentations au Palais d’Hiver, actuel Palais Beaumont.
Charles Borel-Clerc
Le 22 septembre 1879 un garçon naissait au foyer de Joseph Clerc ingénieur électricien et de son épouse Sophie née Borel. Charles, le nouveau-né, voyait le jour à la maison Garrigue plus connue sous le nom de Maison Carrée.
Professionnelement installé à Nay durant les travaux d’électrification réalisés dans la région, Joseph Clerc inscrivit son fils devenu adolescent dans un lycée de Toulouse où il suivit des études classiques. Comme il avait pour lui de l’ambition, la famille s’installa à Paris où Charles âgé de 17 ans fut inscrit à l’Ecole Centrale avec pour objectif de le voir devenir un jour ingénieur comme son père. Survint alors un coup du destin qui allait tout changer dans l’avenir du jeune étudiant. Son père avait retrouvé dans la capitale un ami de régiment devenu professeur de trompette au conservatoire.
Pour Charles qui avait des dispositions pour la musique il ne fut plus question d’Ecole Centrale mais de l’apprentissage du hautbois conseillé par le professeur qui avait deviné les prédispositions du fils de son ami.
Dix mois après, le jeune instrumentiste voyait son talent instrumental récompensé par la réussite au concours d’entrée au Conservatoire de Paris.Il y suivit des études musicales et instrumentales, cours harmonie, travail d’orchestre.
En 1900 âgé de 21 ans il y obtenait un premier prix lui ouvrant les portes des grands orchestres de l’Opéra, Opéra Comique, Concerts Colonne et Lamoureux. Il effectua son service militaire comme hautbois solo au 24è régiment d’infanterie. Sa carrière de musicien semblait donc toute tracée, mais c’était sans compter sur son goût pour la chanson. Finie la musique classique, place à la variété.
En 1903, l’éditeur Hachette lui commande un air de danse sur des motifs espagnols. C’est ” La Matchiche “, premier succès d’une carrière qui lui vaudra plus tard le surnom d’ ” Homme aux mille chansons “. Voilà Charles Borel ( il a pris le nom de sa mère comme pseudonyme ), qui entre dans le cercle des grands compositeurs de variétés de l’époque, et les succès s’enchainent.
Août 1914 c’est la grande guerre et il faudra attendre 1916 pour entendre des airs patriotiques bien dans le ton qui plait au public. ” La Madelon de la Victoire ” célèbre la paix revenue, Charles Borel compose alors pour les artistes en vue comme Maurice Chevalier, Edith Piaf, Tino Rossi, Misstinguet, André Claveau, Alibert et bien d’autres qui immortalisent ses airs. La seconde guerre mondiale et l’occupation interrompent cette production sans limites jusqu’à la Liberation où il compose l’air célèbre de ” Ah ! le petit vin blanc ” qui chante la paix revenue.
Cinquante ans de musique populaire ont été brillamment couverts par ce compositeur d’exception qui meurt à Cannes où il s’était retiré, quelques mois après son épouse. Sa mémoire est rappelée à la Maison Carrée.
Jean-Pierre Poncy
Victor Fontan
Né à Pau en 1892, Victor Fontan vint tout jeune habiter Nay avec ses parents. Son père était sabotier. Comme les jeunes de son âge, il entra très tôt dans la vie active comme apprenti ébéniste.
Mais son temps libre était consacré au vélo et dès 1910 on entendit parler dans les courses locales de ce débutant qui promettait.
On était à la veille de la Grande Guerre. Jusqu’en 1920 où il fut démobilisé, le jeune soldat servit son pays. Très attaché à son terroir, le Béarnais retrouva alors son vélo, disputant de préférence les épreuves régionales.
Celle qui fit sa renommée fut le Tour du Pays Basque où il triompha en 1927, enchaînant d’autres succès entr’autres au Tour de Catalogne et au Critérium du Midi, épreuves l’amenant au Tour de France en 1928 et où celui qu’on surnommait le « Roi de la Montagne » gagna l’étape Bayonne Luchon, terminant 7ème à Paris.
Il se distingua également au Tour d’Italie. En 1929 il arriva cette fois second de l’étape Bayonne Luchon mais avec le maillot jaune sur les épaules.
On le donnait gagnant du Tour. Hélas pour lui, le lendemain entre Luchon et Perpignan, un bris de vélo le contraignait à l’abandon car le règlement de l’époque ne prévoyait pas de vélo de rechange et obligeait en outre le concurrent à le réparer sans aucune aide.
Le règlement changeait en 1930 et Victor Fontan prenait le départ du Tour avec le grade de capitaine de l’équipe de France.
Un hommage et une reconnaissance mérités par celui qui est resté une grande figure du sport cycliste et qui nous a quittés en 1982, deux ans après avoir reçu l’hommage de la direction du Tour de France lors du passage de la Grande Boucle à Nay.
Maurice Triep – Photographies : Famille Gibert-Fontan
François Lacq
Né à Nay, d’une famille paternelle originaire de Férrières, François Lacq fait ses études à Bétharram, puis à St Louis de Gonzague à Bayonne, dirigé à l’époque par un des ses trois oncles prêtres.
Il part ensuite à Bordeaux pour entreprendre des études de médecine, interrompues par la guerre 1914-1918; il est alors mobilisé d’août 1914 à août 1919. Il est décoré de la Croix de Guerre et plus tard Chevalier de la Légion d’Honneur. Il présente sa thèse de médecine en 1920 et s’installe à Nay en association avec son père le docteur Flavien Lacq.
Médecin accoucheur, il aura, à la fin de sa carrière, pratiqué plus de 5000 accouchements dans la région.
Grand sportif, il cumule de 1921 à 1930 les titres de champion des Pyrénées de ski (saut, fond et descente), ainsi que de nombreuses ascensions de sommets pyrénéens, dont plusieurs «premières» la Petite Aiguille d’Ansabère, la face nord du Gabizos, les Soeurs de Troumouse…
En 1930, François Lacq devient Président de la Fédération Française de Ski et donne beaucoup de conférences afin de promouvoir la pratique du ski. La F.F.S. qui compte 7900 licenciés à son arrivée, passe à 39000 en 1937, l’année ou il fonde l’École Nationale de Ski et prend la Présidence du premier Championnat du Monde à Chamonix.
Jusqu’à pratiquement la dernière année de sa vie, il prendra à coeur la destinée du Ski Club Nayais qui compte 300 adhérents en 1970.
Genevève Lacq, fille de François Lacq
Werner Waldeyer
Werner Waldeyer (Maurice dans la Résistance française) est né le 17 mai 1913 à Barmen (Allemagne) dans une famille ouvrière. En 1929, à seize ans, il adhère au Parti communiste (KPD). Ouvrier maçon, syndicaliste, il dirige aussi le groupe local du Front rouge qui affronte les nazis dans la rue. Son action lui vaut huit arrestations et des condamnations à la prison.
Clandestin après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, Werner Waldeyer est arrêté le 15 octobre 1933 et, après un procès, interné 21 mois dans le camp de concentration de Kemna (près de Wuppertal). En octobre 1935 il émigre en Hollande puis en Belgique où il poursuit son action anti fasciste.
Expulsé de Belgique le 10 mai 1940 il est interné à Saint-Cyprien puis à Gurs. Sa femme Jeanne, qui l’a suivi à la trace et s’est installée à Nay, multiplie les démarches pour arracher son mari du camp de Gurs. Le 4 avril 1941 Werner Waldeyer obtient une permission de sortie pour raisons de santé et rejoint sa femme à Nay.
En juillet 1942, Auguste Lassus le contacte pour le compte du PCF et lui confie bientôt la responsabilité du développement de la lutte armée.
Le 11 novembre 1942 la zone sud est occupée par les nazis et Werner plonge dans la clandestinité près du village de Lys. En juin-juillet 1943 il rejoint un camp des réfractaires au STO installé dans la région d’Arthez-d’Asson puis participe à la création d’un groupe de Francs-tireurs et partisans et participe à ses actions.
A partir de l’automne 1943, il impulse l’organisation d’un nouveau groupement FTP et en devient le commandant.
En mars 1944, il représente les FTP au sein du comité bi-cantonal de la Libération, que préside le docteur Stanislas Soumireu-Mourat l’ancien maire de Nay révoqué par Vichy. A la fin de l’été 1944 il est élu secrétaire de la section de Nay du PCF et membre de la direction fédérale du Parti.
A la fin de l’année 1945, avec sa femme et ses deux enfants (Tula et André, nés à Nay) il rejoint en Belgique la famille de sa femme. En 1959 Il rentre en République démocratique allemande (RDA). Retraité en 1974 il milite dans les organisations d’anciens antifascistes. Maurice, déclaré apatride par les nazis en 1934, n’a jamais demandé de décoration ni de reconnaissance matérielle pour son action résistante. Il est décédé le 19 mai 1983 à Berlin.
Jean Barthet
Il est des êtres qui dés leur naissance possèdent un don.
Il en est qui en feront leur raison de vivre, un privilège qu’a connu Jean Barthet né à Nay dans une famille de commerçants et qui manifesta très tôt un talent de modéliste. Après ses études au collège Saint-Joseph, c’est vers Paris qu’il tourna son regard car c’est là qu’il s’exprimerait, dans cette capitale mondiale de la mode. On était dans les années 50 et il ne tarda pas à s’y distinguer. La « Coupe du plus talentueux jeune modiste « vint confirmer l’authenticité de son talent. La réputation de son atelier ainsi consacrée, c’est une pleïade de grands noms du cinéma, du théâtre et des personnalités qui vinrent s’y faire coiffer.
Pour n’en citer que quelques uns, Catherine Deneuve, Romy Schneider, Brigitte Bardot, Michèle Morgan, Sophia Loren, Liz Taylor, Jacky Kennedy…
Les grands couturiers comme Courrèges (autre béarnais), Chanel, Carven, Paco Rabanne appréciaient ses créations imprégnées de « passion et de poésie « Un parfum à son nom fut créé. Les chapeaux de Jean Barthet paraissaient dans des films comme « La banquière », « Le vieux fusil » ou «Les demoiselles de Rochefort ». Le modiste était également un photographe de qualité portraiturant enfants et artistes.
Il avait même projeté une exposition qu’il ne put hélas réaliser et sa dernière collection de chapeaux utilisa une technique mixte peinture et collage. Artiste d’avant garde, il n’oubliait pas ses retours réguliers dans sa famille nayaise.
Une anecdote pour finir. C’était sur la scène du cinéma Ganel durant la guerre. Un spectacle de bienfaisance permit au collégien Jean Barthet de présenter une scène sur une musique du Faust de Gounod dont il avait composé chorégraphie et décor. Il y incarna Méphistophélès d’une manière saisissante. Oui, il était doué.
Maurice Triep
Raymond Cancé
Raymond Cancé (1925-2017) fait partie de ceux que l’on appelle les “Evadés de France”, ces Français qui rejoignirent l’Afrique du Nord ou Londres afin de poursuivre le combat contre l’occupation allemande. Il y avait dans cet acte des risques allant jusqu’à la peine de mort pour ceux qui étaient arrêtés.
Agé de 15 ans et apprenti à la fonderie Millet, Raymond y fit la connaissance d’un Anglais marié à une Française et qui écoutait Radio Londres. Il fit partager à l’adolescent sa haine des nazis, une opinion vite partagée et déterminante pour la suite. Avant son entrée dans la vie active, Raymond avait appartenu au Patronage Saint-Vincent puis à la troupe des Scouts de France, associations de jeunesse où il acquit le sens de hautes valeurs. Il a 17 ans lorsque l’entreprise est requise pour travailler pour l’occupant, ce qu’il refuse. Il est licencié sur le champ, mais vu son âge ne peut être requis pour le STO (service du travail obligatoire). Sa décision est alors prise, et le 1er juillet 1943 en compagnie de deux camarades plus âgés refusant d’aller travailler en Allemagne il gagne l’Espagne par l’Aubisque, le Soulor, le lac d’Artouste d’où le trio gagne Sallent de Gallego.
Arrestation et incarcération de trois semaines à la prison de Jaca avec d’autres évadés, nouvel et dur emprisonnement dans un camp, puis départ pour Madrid où par le biais de la Croix Rouge ils sont au nombre de 1200 conduits à Setubal (Portugal) dans le cadre de l’échange “ressources contre prisonniers”, souvenir dont s’amusait Raymond se rappelant des kilos perdus en captivité, faute justement de ressources alimentaires
En septembre 1943, embarquement pour Casablanca où le 30, il signe un engagement pour la durée de la guerre au 3è escadron du régiment colonial de chasseurs de chars. Puis départ de Rabat pour Oran et le 20 juillet 1944 embarquement pour la Corse.
Le jeune Nayais âgé de 19 ans essuie le 19 août le feu du combat sur la plage de la Narville à Sainte-Maxime où il a débarqué comme aide tireur avec la 8è division d’infanterie coloniale. Il participe le 27 août à la Libération de Toulon avant celles d’Aix en Provence et de Grenoble. Suit la campagne d’Alsace et ses combats acharnés, car l’ennemi qui sent venir la défaite se défend pied à pied. C’est enfin le Rhin qui est franchi, un pas décisif vers la défaite allemande.
Démobilisation et retour à Nay. La Légion d’Honneur, la Médaille Militaire, la Croix de Guerre avec 4 citations, la Médaille des Evadés et la Médaille de la France Libérée distingueront le comportement au combat du caporal-chef Cancé. Il a fait partie de ces plus jeunes Evadés de France de 15 à 19 ans qui comme lui ont bien mérité de la Patrie, comme ceux des Nayais qui vécurent le même combat.
Maurice Triep
Eugène Vallanet
Fêtes de nay 1966
Mireille Mathieu entourée d’Eugène Vallanet et Johnny Stark à l’issue se son tour de chant.
© Photographie : Louis Bachoué
Comment sa passion pour les spectacles de scène et d’arène poussèrent un jeune Nayais à s’y investir jusqu’à y entraîner sa ville natale, c’est ce qui arriva à Eugène Vallanet lorsque fut créée le comité des fêtes artistiques, tauromachiques et sportives de Nay. C’était en 1953, au lendemain d’une course de vaches landaises qui eut lieu à la Promenade. Il trouva auprès d’Auguste Lartigau adjoint au maire, Louis Piot quincaillier rue Clémenceau, son voisin d’en face Michel Dequidt photographe et Marius Rmeas préparateur en pharmacie des soutiens immédiats, suivis de l’adhésion d’un groupe de jeunes séduits par le projet.
Jusqu’alors Nay avait ses fêtes renommées de quartiers, Saint-Roch, Promenade et Marcadieu, s’inscrivant dans le calendrier estival de ces manifestations. On passa sans transition à un niveau différent en 1954 lorsque du 28 au 31 août, durant quatre jours et quatre nuits on eut droit à une capea espagnole de 6 toros, une spectacle de music hall, une course de vaches landaises, de la pelote basque, une fête foraine, des concerts, des illuminations, des rues enguirlandées, un concours de vitrines. La foule qui investit la cité, venant d’abord de la région puis du grand Sud-Ouest plébiscita l’initiative des promoteurs, et cela pour des années qui durent encore.
Eugène Vallanet qui fit carrière dans la SNCF bénéficiait à ce titre de l’avantage de déplacements le conduisant aux spectacles parisiens et hispaniques, là où il noua des relations dont fit partie l’impresario Johnny Stark et le Camarguais Achille Pouly, deux figures des spectacles de variétés et taurins qui devinrent ses amis et travaillèrent en totale confiance avec le comité des fêtes.
La liste est longue des stars qui montèrent sur la scène de la Promenade où l’on connut jusqu’à 8000 entrées pour de fameux galas. Johnny Halliday, Sylvie Vartan, Tino Rossi, Françoise Hardy, Charles Trenet, l’orchestre Jacques Helian, Mireille Mathieu qui vint chanter à trois reprises, grands noms d’une longue liste. Luis Mariano lui-même se produisit hors programme en 1955.
L’évolution des choses fit que la formule des fêtes changea avec les spectacles à l’amphithéâtre et la place grandissante prise par les feux d’artifices. Leur créateur retiré du spectacle appréciait les retrouvailles amicales dans l’intimité des « Peñas » de quartiers. Le soixantième anniversaire se profilait pour 2014 mais le sort en a décidé autrement. Eugène Vallanet nous a quittés le 9 octobre et avec lui s’en est allé un grand amoureux de sa ville qui écrivait en 1956 que «le secret du triomphe des fêtes résidait dans le coeur de chaque Nayais.»
C’est l’héritage qu’il nous demande de perpétuer.
Maurice Triep
Raymond Mastrotto
Enfant de réfugiés italiens opposants au fascisme, Raymond Mastrotto est né à Auch le 1er novembre 1934.
Devenu professionnel en 1958, Raymond Mastrotto s’illustre rapidement dans les courses à étapes les plus difficiles : Le Tour de l’Ariège, Le Critérium du Dauphiné Libéré et Le Grand Prix du Midi Libre.
Mais c’est assurément le Tour de France, qu’il court huit fois entre 1959 et 1967, qui apporte au “Taureau de Nay” ses plus belles satisfactions. Sociétaire de la légendaire équipe de France de 1959 à 1961 dirigée par Marcel Bidot, il termine 6ème et 1er Français en 1960.
En 1962, Raymond Mastrotto devient le coéquipier d’André Darrigade successivement au sein de l’équipe Leroux-Gitane.
En 1967 reste dans toutes les mémoires, le Béarnais est engagé dans Les Coqs de France, “Le Taureau de Nay” franchit l’Aubisque avec quelques minutes de retard sur un groupe d’une douzaine d’échappés, parvient à revenir sur ce groupe juste à l’entrée de Nay, qu’il traverse seul en tête, s’échappe, et après une chevauchée fantastique de plus de 30 km, s’impose en solitaire sous le beau ciel de Pau et devant son public.
Le Béarnais achève brutalement sa carrière sportive le 19 mars 1968. Renversé par une voiture au retour d’un entraînement, il est grièvement blessé et doit subir une longue intervention chirurgicale.
Le dimanche 11 mars 1984, il s’effondre brutalementde son vélo, terrassé par une rupture d’anévrisme au cerveau.
Michel Cantet
Élu conseiller général en 1982, Michel Cantet succède l’année suivante à Pierre Decla comme maire de Nay, mandat qu’il remplira jusqu’en 1994, la même année où cesseront ses fonctions de conseiller général et de conseiller régional, poste qu’il occupait depuis 1992.
Ses mandats d’élu prenant fin, il s‘oriente alors vers la fonction publique.
La formation reçue à l’École nationale d’administration lui ouvre en 1996 une carrière d’administrateur civil au Ministère de l’Intérieur, avant trois nominations comme sous-préfet à Saint-Julien en Genevois en 2000, Marmande en 2009 et Saint-Girons en 2016. Son état de santé l’oblige alors à mettre fin à toute activité et c’est chez lui à Nay qu’il subit les atteintes du mal qui l’emportera à l’âge de 66 ans. Jusqu’au bout, comme en ont témoigné ses visiteurs, il ne cessera de s’intéresser aux faits touchant à la ville qu’il administra et à laquelle il resta toujours attaché.
Sous son mandat ont été réalisées d’importantes opérations immobilières. Acquisition des anciennes usines Berchon, Gibert, Larrègle, Pédarré, immeuble Laplace, Maison Carrée, acquisitions qui ont permis des reconversions.
Il faut y ajouter l’aménagement d’une zone d’activités à Bourdettes. Le transfert du centre de secours de la mairie aux anciens abattoirs, la restauration de l’intérieur de l’église, l’agrandissement de l’école maternelle, l’aménagement du marché des halles et l’équipement en informatique des services administratifs de la mairie.
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