Le patrimoine industriel : Nay, le Petit Manchester
L’histoire industrielle a laissé de nombreuses traces dans nos paysages du Pays de Nay.
Le XIXe siècle est celui de la Révolution Industrielle si prospère pour Nay que les journalistes de l’époque appellent la ville le Petit Manchester ou la Mulhouse des Pyrénées.
En effet, certains fabricants de bérets dynamiques et ambitieux, dont la tête de file sera Prosper Blancq, vont faire appel à des ingénieurs ou techniciens formés dans les meilleures écoles de l’époque pour moderniser leurs ateliers.
L’époque des marchands est révolue, celle des industriels commence.
La population de la ville s’accroit jusqu’à atteindre 4 000 personnes et l’on recense près de 1700 ouvriers du textile en 1852.
Les usines se développent en centre ville même, particularité de Nay. Il n’est que de citer la Manufacture Blancq, pionnière de l’architecture industrielle, transformée aujourd’hui en Musée du Béret, ou encore l’Usine Berchon avec son architecture fer et verre spécialisée dans la confection en laine cardée, ou encore la Manufacture de Meubles Vital Gibert ou la très renommée Manufacture Souyeux.
Un urbanisme dans la tradition hygiéniste
Ingénieurs-patrons / patrons-bourgeois, les différents acteurs de la révolution industrielle vont se mêler notamment par les biais des créations d’entreprises ou tout simplement par le mariage. Cette nouvelle bourgeoisie moderne, ouverte sur le monde, intègre très vite la municipalité et va entreprendre de grands travaux urbains. Très tôt, Nay sera en partie électrifiée grâce à une petite centrale électrique qui va jouer un rôle primordial dans le développement industriel. Le pont est reconstruit solidement, la ligne de chemin de fer ouverte sous la pression des industriels, la place modernisée, les rues alignées, les administrations et écoles structurées.
Le grand chantier du milieu du siècle est l’ouverture de la place et de la perspective vers le pont dans la grande tradition haussmanienne et hygiéniste du début du XIXe siècle. C’est ainsi que la place médiévale de la bastide du XIVe s. est entièrement remodelée : la maison commune est rasée remplacée par une monumentale Mairie-Halle en 1835.
Cette construction reprend néanmoins la structure du Moyen-Age avec le marché au rez-de-chaussée, les services de la ville au premier (administration, école, police, pompiers).
Le rempart est rasé et le fossé comblé permettant ainsi une ouverture totale sur la place du Marcadieu et l’agrandissement du marché du mardi. Côté est, une autre rangée de maisons médiévales à couverts est abattue et les allées Chanzy ouvertes en direction du pont.
En 1863 Nay réunie à Claracq, le Gave n’est plus alors représentatif d’une limite.
Les maisons, quant à elles, ont été remodelées au cours du temps notamment après l’incendie de la bastide en 1547.
Le XIXe s et le début du XXe s. seront néanmoins deux grandes phases de modernisation des habitations (élévation des immeubles dans les rues principales, ouvertures de grandes fenêtres voire de bow-windows sur le dernier niveau, rattachement à l’adduction d’eau et au réseau d’égouts).
Une architecture industrielle moderne
Trois grandes phases architecturales sont représentées à Nay pour le patrimoine industriel.
Le début du XIXes avec la Manufacture Blancq voit l’utilisation d’une architecture verticale en brique et verre qui permet la mise en place des machines lourdes au rez-de-chaussée en lien direct avec le canal (et donc l’hydro-électricité) et de la confection dans les étages.
Aujourd’hui un seul bâtiment est conservé mais il témoigne d’une structure beaucoup plus importante qui comprenaient les salles de teinture, les stocks par exemple ou encore la villa du patron.
Le début du XXe s. avec la construction de l’usine Berchon à partir de 1904 promeut une architecture fer et verre largement inspirée par les constructions de Gustave Eiffel et l’exposition Universelle de 1900. Ce grand chantier assis sur un parcellaire médiéval complexe et un ancien réseau d’atelier met en place trois grandes nefs supportées par une très belle charpente métallique. Le travail y est structuré de façon horizontale.
Enfin, les années 30 sont caractéristiques de l’utilisation du béton armé pour les ateliers hors les murs, de la charpente métallique et des grandes verrières. La Manufacture Gibert au centre ville est également remarquable. Elle prend assise sur tout un quartier (le Placéra) et comprend différents bâtiments d’époques variées (hall à charpente métallique de 1914 notamment).
Une œuvre sociale
L’accroissement de la population ouvrière, la pauvreté de la protection sociale et des conditions de vie vont questionner longuement les trois abbés Dupont qui vont lancer à la fin du XIXe s. dans une grande œuvre sociale remarquable. Ils vont ainsi ouvrir dans un premier temps un établissement d’enseignement classique au milieu du siècle, puis à partir de 1865 un hospice Saint-Joseph pouvant accueillir 14 personnes dans leur domaine familial des Mouliérats.
A partir de 1868 avec l’achat du domaine de Palengat (actuel Collège et Lycée Saint-Joseph), ils commencent leur grande œuvre architecturale. Le premier bâtiment est celui du Couvent des Dominicaines (actuel Monastère des Béatitudes), puis l’Institution Saint-Joseph destinée à l’éducation des jeunes garçons et surtout la rénovation et reconstruction de l’hospice Saint-Joseph à partir de 1892.
Très bien conçu, il souscrit aux besoins d’hygiène et de moralité. Il est équipé aussi pour recevoir les accidentés.
A visiter
Le Musée de l’Industrie à la Maison Carrée et le Musée du Béret, la Teinturerie Lepère (sur rendez-vous), l’atelier de sonnailles Daban (sur rendez-vous).
A voir
La Minoterie (Centre d’Art Contemporain), la chapelle Saint-Joseph et sa crypte sur la place Marcadieu
A faire
La ballade sur le patrimoine industriel à demander à l’Office de Tourisme ou à la Maison Carrée.
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Ouverture au public
Les lundis, mercredis et vendredis
de 8h00 à 12h00 et de 13h30 à 17h00
Les mardis et jeudis
de 8h00 à 12h00